Cépages rares
Pourquoi les cépages rares sont-ils rares ? La plupart du temps liés à une petite région géographique, leur destin repose souvent sur une poignée de vignerons, parfois même sur un seul ! En effet, certains de ces cépages trop souvent négligés seront peut-être une des solutions pour s’adapter au réchauffement climatique, puisqu’ils ont déjà traversé plusieurs périodes de changement au fil des siècles.
Voici une sélection de six cépages rares dont les vins sont disponibles chez DIVO. Il revient à vous, chers Membres, de les boire pour les faire vivre ou survivre !
Cépages rares blancs
Galego Dourado, perle lisboète
Ce cépage blanc rarissime (10 ha) est originaire des régions de Carcavelos et Colares près de Lisbonne au Portugal, où il entrait traditionnellement dans les assemblages pour les vins doux fortifiés. Au bord de la disparition, le Galego Dourado a été sauvé par José da Mota Capitão, fondateur et propriétaire de la cave Herdade do Portocarro, épaulé par la Station Agronomique Nationale à Oeiras. Ce cépage précoce et peu productif avait été abandonné durant le XXe siècle en Alentejo, au profit des plantations de blé imposées par la dictature militaire des années 1920-30. En pionnier, José da Mota Capitão en avait replanté 3 ha en 2002, et il est à ce jour le seul à produire un 100 % Galego Dourado, un grand vin de gastronomie.

Hársevelü, le parent pauvre du Tokaj
Le nom de ce cépage originaire de la région de Tokaj en Hongrie signifie « feuille de tilleul », en référence aux arômes de son vin. L’analyse ADN a montré que c’est certainement un fils naturel du Furmint, le cépage principal des grands liquoreux de Tokaj. En dehors de la Hongrie il se fait très rare. On le trouve toutefois au Neusiedlersee où le pionnier de la biodynamie Josef Umathum en a planté une parcelle sous le nom de Lindenblättriger pour en faire un vin de table (le cépage n’est pas autorisé en appellation) confidentiel et fascinant, très aromatique et délicatement épicé.

Monemvassia, la Malvoisie originelle
Cépage historique, le Monemvassia (ou Monemvasia) tire son nom d’un village fortifié sur une presqu’île dominée par un imposant rocher dans le Péloponnèse en Grèce. Autrefois appelée Malvoisie, cette bourgade aurait également donné son nom au célèbre vin doux déjà mentionné en 1214, dont le Monemvasia était probablement l’un des composants principaux. Cela dit, le test ADN n’a pu déceler aucun lien entre le Monvemvassia et toutes les autres Malvoisies, ce qui en fait une relique grecque très rare. Réintroduit par Giorgos Tsibidis à la Monemvasia Winery depuis l’île de Páros où il avait subsisté, ce cépage donne un vin légèrement aromatique, digeste et salin.

Cépages rares rouges
Tintore di Tramonti, ceps pluricentenaires
Le Tintore di Tramonti, littéralement le « teinturier de Tramonti » (du nom d’un village) couvre à peine 10 ha dans le monde, tous situés sur la Côte Amalfitaine au sud de Naples (Italie) où il a survécu sous forme de vignes pluricentenaires et préphylloxériques qui font partie des plus vieilles du monde. On pense même que certains ceps, dont le diamètre peut atteindre 40 cm, ont près de 300 ou 400 ans ! À la cave Monte di Grazia, Alfonso Arpino et ses enfants Olivia et Fortunato bichonnent ces ceps spectaculaires pour en faire un vin unique au monde qui nous connecte avec l’histoire d’une viticulture ancestrale. Il est préférable d’attendre quelques années de vieillissement en bouteille avant de boire ce vin très spécial, tellement son acidité est élevée et ses tannins imposants.

Cornalin, officiellement Rouge du Pays
Appelé traditionnellement et officiellement Rouge du Pays pour l’ampélographe, ce vieux cépage du Valais a été rebaptisé Cornalin en 1972, en empruntant le nom d’un cépage du Val d’Aoste. Emprunt manifestement prémonitoire, puisque le test ADN a démontré qu’il s’agit d’un croisement naturel entre deux cépages valdôtains, le Petit Rouge et le Mayolet. Né au Val d’Aoste, il a probablement été introduit en Valais il y a fort longtemps par le Grand-Saint-Bernard, alors qu’il a disparu dans sa vallée d’origine. Au bord de l’extinction en Valais, il a été sauvé par une poignée de passionnés dans les années 1970, si bien qu’il est devenu aujourd’hui le rouge emblématique du Valais où il est exclusivement cultivé sur 153 ha. Difficile à la vigne, avec des rendements variables, le Cornalin donne des vins colorés, fruités et juteux, avec des tannins soyeux et une amertume positive.

Susumaniello
Originaire de la province de Brindisi dans les Pouilles au Sud de l’Italie, le Susumaniello serait le nom en dialecte de somarello (ânon), en référence à la charge que le cep peut supporter, surtout dans les jeunes vignes. Le test ADN a montré qu’il s’agit d’un croisement spontané entre le Garganega, cépage blanc de la Vénétie, et l’Uva Sogra, un raisin de table des Pouilles. Ce cépage n’existe que dans la province de Brindisi où il est parfois utilisé en assemblage. Couvrant aujourd’hui 72 ha, le Susumaniello a été sauvé de l’extinction par Tenute Rubino qui en fait l’un des seuls vins monocépages.
