Cave La Rodeline, un couple et une immense passion

Claudine Roduit nous mène d’abord à l’arrière de la maison, dans le jardin situé au pied de l’imposant vignoble de Fully qui, au fil de ses innombrables terrasses échelonnées les unes sur les autres, semble grimper jusqu’au ciel. Des roses en fleur, des légumes, des plantes aromatiques et un superbe vieux cerisier agrémentent l’endroit. « Je soigne tout cela de manière biologique, dans une sorte de permaculture », explique Claudine. À sa silhouette élancée et musclée, on devine qu’elle parcourt jour après jour ces coteaux terriblement escarpés. À tenter de la suivre lors d’un tour à travers la Combe d’Enfer, un impressionnant cirque de vignes, toute personne plutôt habituée à la vie de bureau en perd vite le souffle. Le mari de Claudine, Yvon, est issu d’une famille connue de vignerons valaisans. Comme son épouse, d’ailleurs. Le voilà qui nous rejoint dans le carnotzet. Depuis quelques années, le couple est en train de convertir à la viticulture biologique et biodynamique ses six hectares de vignes situés sur les meilleures parcelles de Fully et de Leytron ; les Roduit profitent des conseils de leur voisine, Marie-Thérèse Chappaz. « Nous sommes entièrement convaincus par cette philosophie », explique Yvon, jadis directeur de la maison Imesch. « Mais il faut savoir que cette décision a un impact économique important. La viticulture biologique implique en effet des coûts plus élevés, des rendements inférieurs et un surcroît de labeur. En travaillant de manière conventionnelle, nous économiserions deux ouvriers sur toute l’année. Sans compter que nous aurions nettement moins peur des aléas de la météo », poursuit-il. Mais alea jacta est : la décision de passer au bio est prise. Désormais, on étudie avec application le calendrier de Maria Thun, et du thym pousse dans les rangées de pieds de vigne.

Claudine et Yvon Roduit font  déguster à José Vouillamoz et Eva Zwahlen une Marsanne « Les Claives » de La Rodeline.
Claudine et Yvon Roduit font déguster à José Vouillamoz et Eva Zwahlen une Marsanne « Les Claives » de La Rodeline.

Cépages typiquement valaisans sur les meilleures parcelles

Chez les Roduit, le travail est clairement réparti : Claudine s’occupe des travaux de la vigne, et l’autodidacte Yvon règne en maître dans une cave moderne située dans la plaine de Fully. Depuis 2003, le domaine produit l’éventail complet des spécialités valaisannes (auparavant, les raisins étaient encavés par la maison Imesch). Cela représente 25 vins différents, à commencer par le Fendant. « J’adore le Fendant », déclare Yvon, qui regrette amèrement d’avoir arraché une partie de ses ceps de Chasselas. « J’ai investi beaucoup de mon temps pour comprendre ce cépage, et je n’ai pas hésité à demander conseil auprès de mes collègues vaudois », poursuit-il.

Les ceps qui lui restent ont jusqu’à 70 ans. Parmi les stars de l’assortiment, citons notamment le Marsanne de Fully Les Claives, élevé en barrique, qui figure désormais dans le cercle de la Mémoire des Vins Suisses. Citons également le puissant et fruité Cornalin de la Combe d’Enfer, avec ses notes de cerise, le Gamay Les Terrasses, issu de vieilles vignes, ou encore le chouchou d’Yvon, le Blanc d’Y, un assemblage composé à parts égales de Marsanne et de Roussanne, qui en fait un vin de gastronomie particulièrement complexe.

La Combe d’Enfer, spectaculaire et vertigineux vignoble sur le granit de Fully.
La Combe d’Enfer, spectaculaire et vertigineux vignoble sur le granit de Fully.

Mais qui dit Rodeline et Fully, pense immédiatement à la Petite Arvine, qui prospère ici sur divers terroirs. « L’Arvine est un cépage exigeant qui requiert un terroir de qualité et les meilleures parcelles ; elle est également sensible au vent et mûrit tardivement », souligne Claudine. À l’effeuillage, il faut quasiment connaître chaque cep individuellement avant de décider quelles pousses il faut lui laisser. Par exemple, la Petite Arvine La Murgère (vieilles vignes de 40 ans qui prospèrent sur des sols légers d’éboulis sablo-graveleux) affiche au nez des arômes raffinés et discrets, sur des accents floraux et épicés, il offre en bouche une matière étoffée, racée et fondante, avec en finale les notes salines si caractéristiques de ce cépage. La Petite Arvine Les Claives, en revanche, qui provient de vignes sur des galets d’origine glaciaire mélangés à du lœss, séduit par ses nuances d’agrumes, sa fraîcheur et, en bouche, par une matière opulente et gourmande. « Les jeunes vignes de Petite Arvine sont particulièrement sensibles à la sécheresse : elles ne supportent pas le stress hydrique. C’est pourquoi nous devons les irriguer au goutte-à-goutte. Si la vigne souffre trop de la sécheresse, les raisins ne parviennent pas à maturité. Sur nos parcelles exposées au sud, où les sols sont peu profonds, donc vite extrêmement secs, aucune viticulture ne serait possible sans irrigation », explique Yvon. Fort heureusement, les Roduit possèdent de nombreuses parcelles avec de vieux, voire très vieux ceps nettement plus résistants. Il s’agit souvent de précieuses sélections massales qui proviennent du père de Claudine, pépiniériste viticole. Un trésor inestimable que les Roduit entretiennent et conservent avec le plus grand soin.

Les Valaisans doivent le Fendant aux Vaudois

Le Fendant est vaudois ! Cette affirmation choquera plus d’un Valaisan, mais elle est pourtant véridique. La première mention historique de ce cépage apparaît en 1612 dans un ouvrage de botanique sous les noms de Fendans, Fendant ou Lausannois, ce qui trahit son origine lémanique. Et c’est sous le nom de Fendant, désignant un type de Chasselas dont les baies se fendent quand on les presse entre les doigts, par opposition au type Giclet dont les baies… giclent, qu’il est mentionné en 1716 au canton de Vaud. Plusieurs autres sources attestent l’usage répandu du nom Fendant dans ce canton avant le XXe siècle, et ses nombreux synonymes lémaniques témoignent de l’ancienneté de sa culture (Fendant Vert, Fendant Roux, Rougeasse, Blanchette, Plant de la Vaux, etc.) En Valais, outre sa présence possible dans le Chablais vers le XVIIIe siècle sous le nom de Plant des Evouettes, le Fendant est seulement cité de manière anecdotique à Sembrancher autour de 1800. En réalité, son introduction massive date de 1848, quand le Conseil d’Etat valaisan commande 50’000 chapons de « Fendant Blanc » pour mettre en vigne un terrain à la Planta d’en Bas à Sion. Il y a connu par la suite un essor tel qu’il a supplanté les vieux cépages indigènes, alors que dans le même temps les Vaudois abandonnaient le nom du cépage au profit des appellations de villages. Ironie de l’Histoire, en 1966 les Valaisans ont réussi à obtenir du Tribunal Fédéral l’exclusivité de l’utilisation du nom Fendant qu’ils ont hérité… des Vaudois !

Les conseils de Yvon Roduit

Restaurants
Relais des Chasseurs
Chiboz, 1926 Fully
027 746 29 98

Nouvo Bourg
Rue du Bourg 25, 1913 Saillon
027 744 14 30

 

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